Serge ALLEMAND
D’après
les personnages créés par Henri VERNES
Cette
nouvelle n’est qu’une œuvre de fiction. Toute ressemblance avec une
personne vivante, ou ayant existé, ne peut être que le fait du hasard. Mais, méfions-nous
du hasard, car nous ne sommes que des jouets entre ses mains !
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Depuis
qu’il était arrivé à Pampelune, Bob Morane avait eu le temps de se rendre
à l’hôtel "Tres Reyes", où Reflets lui avait réservé une chambre
bien avant son départ de son monastère de Dordogne. Là, il quitta ses vêtements
et prit une bonne douche afin de se débarrasser de la sueur et de la poussière
accumulées pendant cette journée de marche, puis rasa sa barbe de trois jours.
Par la grande baie vitrée de sa chambre située au dernier étage, il avait une
vue splendide sur la ville entourée de son écrin de montagnes. Son sac à dos
se trouvait sur le plancher dans un coin de la pièce, ouvert et tout son
contenu déballé. Avant son départ, il avait pris soin d’expédier par
transporteur un change complet, nécessaire à la suite de son voyage. Il posa
la valise sur le lit et l’ouvrit. Il y prit des vêtements propres, se
rhabilla et laissant tout en plan, car il rangerait plus tard, sortit. Il
descendit par l’escalier en sifflotant. Il se sentait en grande forme, affûté,
ayant perdu les quelques grammes de graisse qu’il pouvait avoir en trop avant
son départ. En effet, cela faisait plus d’un mois qu’il était parti du
Puy-en-Velay, à pied, sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle. Cette
confortable escale dans cet hôtel était donc exceptionnelle dans son "pèlerinage"
car, habituellement, il passait ses nuits dans les gîtes prévus pour les pèlerins
ou, et cela à plusieurs reprises, à la bonne étoile.
Quelle
mouche avait donc piqué Morane pour qu’il décide de venir sur le chemin de
Compostelle. Il ne se sentait pas soudainement envahi par la piété et la foi
religieuse – cela n'avait jamais été son genre- ni pour une cause obscure de
pénitence et il n’avait rien à prouver en quoi que ce soit. Non, non ! Tout
avait commencé à peu près trois mois auparavant quand la sonnerie du téléphone
avait retenti. Il se trouvait alors à Paris et c'était Albert Mons, l'un des rédacteurs
en chef adjoint de la revue Reflets, qui voulait le rencontrer. Rendez-vous fut
pris pour le lendemain à quinze heures, à la rédaction.
Après
les rituelles questions d'usage ; sur sa santé, sur ses derniers voyages et
aventures, sur la pluie et le beau temps, le bonhomme que Bob connaissait bien
entra dans le vif du sujet. Morane l'écouta sans l'interrompre, puis après
quelques secondes de silence, il répondit :
-
Un pèlerinage, tu veux me
faire faire un pèlerinage… Tu te rends compte… Non, Albert, ce n'est pas
pour moi ce genre de sport et tu le sais bien… Parle-moi plutôt de courir après
un malfrat, de plonger au fond des abysses, de marcher sur la Lune, de trouver
quelques antiques cités Mayas au fin fond de la jungle, ou, ou… J'en sais
rien moi ! Mais surtout ne me demande pas de prendre le chaperon, le bourdon et
de porter coquille[1]
pour me rendre à Saint-Jacques de Compostelle.
-
Je ne te parle pas de faire
le pèlerinage, Bob ! Du moins, pas au sens où nous l'entendons habituellement.
Non, tout simplement, j'aimerais que tu réalises un reportage, de l'intérieur, sur le monde des jacquets[2],
de tout savoir sur leurs motivations, sur leur parcours humain, sur leur vie,
mais aussi de t'intéresser aux régions traversées, aux monuments, à la
culture, aux traditions locales, à la gastronomie, aux vieux métiers de nos
campagnes… Que sais-je encore, moi ?
Ils
avaient ainsi discuté toute la fin d'après-midi, le rédacteur en chef avançant
des arguments qu'aussitôt Bob démolissait en présentant des raisons toutes
aussi valables pour refuser. Ils allèrent ensuite dans un petit restaurant du
Marais, où Bob avait ses habitudes, pour continuer leur discussion. Et c'est à
la fin du dîner, devant un rarissime cognac, une Très
Vieille Réserve de chez Bertrand, que Bob finalement céda. Depuis un
moment, il ne résistait d’ailleurs plus que pour la forme car, peu à peu,
Albert, en vieux renard, avait su miner et affaiblir ses défenses. Son
imagination aidant, Morane, envisageait tout ce qu'il pourrait faire sur quantités
de sujets au cours de cette marche à travers la France profonde et le nord de
l’Espagne. Et puis, cela faisait déjà plusieurs semaines que Bill et lui étaient
revenus de Bolivie, où ils avaient joué au chat et à la souris avec les
forces de la guérilla et, il commençait à se lasser de répondre au courrier
qui s'était empilé pendant son absence, du classement des papiers, des
factures à payer, de compulser ses dernières acquisitions en livres rares et
précieux et de ses… pantoufles. Bill, quant à lui, était aussitôt rentré
en Ecosse où il devait vaquer à ses occupations en hobereau des Highlands.
A
ce déjà trop plein d’inaction, venait s'ajouter le fait que, finalement, il
ne connaissait pas vraiment ces régions que le vieil Albert lui demandait de
traverser et les découvrir ne serait pas pour lui déplaire. En plus, il y
avait ce dernier argument :
-
Bien entendu, tous les
frais sont à la charge du magazine, avait ajouté le rédacteur en chef qui
sentait bien qu’il allait obtenir ce qu’il voulait.
L’argent
ne représentait ni une motivation, ni un souci pour Bob, mais cela lui servi
d’excuse pour accepter la proposition de son ami.
Le
lendemain, Bob avait téléphoné à son ami Ecossais pour savoir s'il désirait
l'accompagner, mais celui-ci avait refusé, car il avait beaucoup de démarches
administratives et d'études à faire. En effet, Bill, qui avait vendu ses
poulets quelques années auparavant, avait expliqué qu'il envisageait de se
lancer à nouveau dans l'élevage :
-
…oui, commandant, vous
savez, les poulets finalement ils étaient un peu petits pour moi. Je songe à
des volatiles plus en adéquation avec mon physique. Il paraît que l'élevage
d'autruches est d'un bon rapport et, au moins, avec elles, on n'a pas besoin
d'une quantité incroyable d'œufs pour faire une petite omelette : un seul suffit. Et je ne vous parle pas de leur
viande et de leurs… plumes. Alors, vous comprenez, j'ai plein de boulot pour
monter tout ça… Et puis, il ne s’agit, pour vous, que de marcher, vous
n'aurez pas besoin de moi lors de votre petite balade de santé et…
spirituelle. Il n'y a aucun risque.
Néanmoins,
les deux amis s'étaient mis d'accord pour se retrouver à Bilbao, qui se
trouvait reliée à Londres par un vol avec escale à Madrid. Ensuite, ils
termineraient ensemble le pèlerinage, ce qui représentait environ la moitié
du chemin total reliant Le Puy-En-Velay à Saint-Jacques de Compostelle.
Pampelune
où nous le retrouvons donc alors qu'il sort de l'hôtel "Tres
Reyes". Reflets n'avait pas lésiné et avait choisi l'un des meilleurs
hôtels de la ville : moderne et situé en plein centre. Bob désirait visiter
quelques monuments et réaliser des clichés pour son reportage. Des
photographies, il en avait fait plus de mille depuis son départ. Reflets lui
avait fait cadeau d'un minuscule ordinateur portable et, les soirs où il le
pouvait, il se connectait à Internet et envoyait au magazine ses photographies
réalisées à l'aide d'un petit mais puissant appareil numérique. Lui, que
l'on disait peu enclin à utiliser ces bidules
modernes avait très vite appris et, finalement, il en appréciait le côté
pratique. Seul refus de sa part, et il avait été très ferme sur ce point : il
n’emporterait pas de téléphone portable, car il ne voulait pas être tenté
de s’en servir et, surtout, il ne voulait pas être dérangé.
Pampelune,
capitale de la Navarre, aurait été fondée en 75 avant Jésus Christ par Pompée
qui lui donna son nom. Après la cathédrale Santa Maria, Bob rendit une visite
à l'Hôtel de ville qui semblait tout de guingois avec sa façade baroque, puis
il alla flâner dans la vieille ville aux rues étroites. Là, se trouvait l'église
San Saturnino. Mélange de roman et de gothique, elle gardait une tradition du pèlerinage
et donc, à ce titre, intéressait Bob qui ne manqua pas d’admirer sous son
porche, une statue de Saint Jacques accueillant un jeune pèlerin agenouillé.
Avec
le soir, puis la nuit, les ruelles s'animaient, les petits restaurants se
remplissaient et Bob, attiré par des éclats de musique entra dans l'un d'eux
pour y dîner avant de regagner son hôtel vers minuit.
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Au
matin, aussitôt réveillé, il se leva et alla ouvrir en grand la double
porte-fenêtre. Le soleil débouchait juste au-dessus de la ligne de montagnes.
Il se détendit en effectuant quelques étirements, plus par habitude et pour
respirer à pleins poumons que par réelle nécessité. Puis il alluma la radio
incorporée à la tête de son lit et la voix de Luz Casal emplit la chambre. Il
adorait. Surtout cette chanson Piensa en
mi, tirée de la bande originale du film Talons
aiguilles. Il venait juste de terminer sa toilette, quand un garçon apporta
son petit déjeuner. Bob s’attabla devant la fenêtre et expédia son repas en
quelques minutes tout en relisant deux lettres qu'il venait de sortir d'une
pochette en plastique tirée de son sac. Ces plis portaient l’en-tête du
Ministère de la Culture espagnol.
Si
Bob Morane avait décidé, au milieu de son pèlerinage, de faire une étape à
Pampelune, ce n'était pas seulement pour aller retrouver Bill à Bilbao mais
son but était aussi de pousser encore un peu plus vers le nord, jusqu'au Golfe
de Gascogne, sur la côte de la Cantabrique. Cette escapade l'éloignerait
momentanément du Camino Francés –le chemin français- la voie la plus empruntée
par les pèlerins qui se rendent à Compostelle, mais il tenait à se rendre à
Altamira pour visiter les célèbres grottes. Une fois cette petite virée
touristique de deux ou trois jours terminée, ils reviendraient ensemble, Bill
et lui, sur Pampelune d'où ils repartiraient pour Saint-Jacques et ainsi
terminer le reportage.
Décidemment,
Albert Mons le gâtait et connaissait ses goûts pour la belle mécanique. Il ne
s'attendait pas à trouver, garée devant la porte de l'hôtel avec son long
museau profilé, une superbe Jaguar Type E d'un jaune vif. Le portier lui tendit
envieusement le trousseau de clés. La splendide machine rutilait de tous ses
chromes, comme si elle venait de sortir de fabrication. Il aurait peut-être préféré
une couleur un peu moins voyante, mais il n’allait pas faire la fine bouche…
"Finalement,
j'ai bien fait d'accepter de faire ce reportage… Ce n'est que du bonheur : la
beauté des régions traversées, les gens rencontrés et même la marche, tout
cela me comble… Et en plus, ce vieil Albert me réserve une Type E…"
pensa Morane en montant dans le cabriolet où il avait déjà jeté ses quelques
maigres bagages.
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Bob
mit près de deux heures pour faire les 150 kilomètres qui séparent Pampelune
de Bilbao. Il ne se pressait pas, savourant le voyage, admirant le paysage,
heureux de piloter le superbe engin. L'avion emprunté par Bill ne devrait
atterrir que sur les coups de 11 heures 30. Ils déjeuneraient rapidement dans
un restaurant de l'aéroport à l'architecture audacieuse et futuriste que l'on
devait à l'architecte Santiago Calatrava, puis rejoindraient tranquillement, à
une petite centaine de kilomètres de là, le petit village de Santillana del
Mar près duquel se trouvaient les célèbres grottes. C'était sur la place,
devant l'église, qu'ils avaient rendez-vous avec une certaine Amalia Cortés de
Pallas.
A
l’heure prévue, il retrouva Bill qui était en pleine forme et ils
repartirent aussitôt après le repas.
-
Certainement que nous
allons encore tomber sur une vieille fonctionnaire avec du poil au menton et un
peu bossue, pas commode et imbue de sa fonction, avait commenté Bill.
-
Ne soit pas mauvaise
langue, quand je me suis entretenu au téléphone avec cette dame qui est
Conservatrice en Chef du Patrimoine, elle m'avait paru très sympathique.
-
Si vous le dites,
commandant…
-
Parle-moi plutôt de ta
nouvelle lubie.
-
De quoi ?
-
Comment, tu as déjà oublié
? Ne m'as-tu pas annoncé que tu voulais te lancer dans un élevage d'autruches.
-
Ah, oui ! Finalement, je
pense que je vais laisser tomber. Trop compliqué ! Vous ne pouvez imaginer la
paperasserie qu'il faut fournir, les tracasseries administratives, les règlements
de toutes sortes, sanitaire en particulier, qu'il faut respecter. Et la grippe
aviaire qui pointe son nez n’arrange rien ! Ils sont infernaux, à
Londres, ils nous considèrent vraiment comme un sous peuple, nous, les
Ecossais.
-
Mais non, mon vieux Bill,
les Anglais n'ont plus rien contre vous, mais c'est vrai qu'ils aiment afficher
vis-à-vis du reste du monde une fierté un peu hautaine. Mais nous arrivons,
voici l'entrée du village et nous sommes piles à l’heure…
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Dès
qu'il avait donné son accord à Albert pour ce reportage, Bob l'avait prévenu
qu'il se réservait quelques jours pour visiter les grottes d'Altamira,
internationalement renommées, qui se trouvaient en dehors du parcours. Le rédacteur
en chef adjoint n'avait émis aucune objection et avait même gâté son
reporter occasionnel, comme nous le savons déjà. C’est vrai qu’un reporter
exceptionnel comme le commandant Morane, ça se cajole.
Depuis
longtemps, Bob désirait se rendre dans ces grottes qui, aujourd'hui, sont fermées
au public, car la respiration des millions de visiteurs s'avérait nocive pour
les pigments des peintures qui se dégradaient. Comme à Lascaux, une réplique
a été construite à l'identique et c'est elle dorénavant qui accueille les
touristes. Le Français n'avait pas envie de découvrir cette fausse grotte,
avec ses copies de peintures aussi bonnes soient-elles. De penser qu'il admirait
des reproductions aurait suffi à gâcher son plaisir et il savait aussi que
l’ambiance générale des cavernes n’est jamais restitué.
Bob
voulait approcher les originales, presque à les toucher, les respirer, s'imprégner
de l'atmosphère du lieu réel ou, environ 15000 ans auparavant, des hommes
avaient dessiné puis, peint d'exceptionnelles figures d'animaux. Nos ancêtres
avaient fait là preuve d'incroyables talents artistiques, puisqu'ils avaient réussi
à créer une impression de relief et de mouvement en utilisant les bosses et
creux de la paroi et en jouant avec de subtils dégradés de couleurs. Pour
obtenir cette autorisation, Morane s'était souvenu que, quelques années plus tôt,
il avait contribué au démantèlement d'un gang franco-espagnol de trafiquants
d'œuvres d'art volées, et destinées à partir pour les Etats-Unis où les
collectionneurs sans scrupule rachetaient tout ce qui venait de la vieille
Europe et qui manquait si cruellement à leur propre culture. Bob savait,
lorsqu'il le voulait, mais sans jamais en abuser, se rappeler au bon souvenir de
ceux qui étaient ses obligés.
C'est
ainsi qu'il y avait reçu, en retour, directement du Ministère, ces courriers
lui accordant le rare privilège, par faveur spéciale, de visiter à titre privé
les véritables grottes d'Altamira. Une conservatrice régionale en chef pour le
patrimoine, l'accompagnera.
Devant
l'église de Santillana del Mar, assise sur un banc, se tenait une jeune femme.
Elle se leva dès qu'elle aperçut la voiture, se doutant certainement qu'un véhicule
aussi voyant, et assez rare dans la région, ne pouvait être piloté que par un
Français ou un Anglais excentrique. Elle se trompait pour l’Anglais, mais
avait bien deviné pour l’autre…
Juste
avant de descendre de la Jaguar, Morane regarda son ami avec un petit sourire et
dit :
-
Si c’est elle, notre
accompagnatrice, mon vieux Bill, tu aurais mieux fait de te taire tout à
l’heure. Elle est loin d’être bossue… Je la trouve même plutôt
mignonne, moi !
-
Ça va, ça va, commandant !
M’aurait étonné…
-
Allez, sois bon perdant. Je
sens que cette visite va être très agréable…
Assez
grande, vêtue d’un ensemble en jean, qui mettait en valeur son corps parfait,
sur un corsage blanc négligemment ouvert sur deux boutons, elle avait tout de
la jeune femme moderne. Sans être très belle, elle avait néanmoins du charme.
Un charme encore accentué par son sourire franc et ses yeux pétillants, mais
aussi par le teint mat de sa peau qu’elle devait très certainement à une
lointaine ascendance mauresque. Ses longs cheveux noirs laissés libres sur ses
épaules et qui ondulaient souplement au rythme de sa marche contribuaient à
lui donner une allure aérienne.
Arrivée
près de la voiture et avant même que Bob n’ait refermé sa portière, elle
demanda :
-
Monsieur Morane,… Robert
Morane ?
Elle
possédait une voix chantante et chaude et c’est dans un français parfait,
teinté d’un accent charmant, qu’elle venait de poser sa question.
-
Oui ! Et vous êtes
Ama… lia… Amalia Cortés ?
-
De Pallas !
-
Pardon ? interrogea
Bob qui ne comprit pas de suite.
-
Oui, je suis Amalia Cortés…
de Pallas ! précisa-t-elle en
appuyant sur les deux derniers mots.
-
Oh, excusez-moi, je ne me
souvenais plus très bien.
-
Ce n’est pas grave. Il
est vrai que c’est un nom un peu long… Alors, si vous le voulez, vous
m’appellerez tout simplement Amalia, ajouta-t-elle avec un beau sourire, déjà
un peu sous le charme du Français.
-
Et bien, moi, ce sera Bob,
car c’est ainsi que me nomment mes amis… et mes ennemis.
-
Je suis enchantée et ravie
de faire votre connaissance ! Voilà, les présentations sont terminées…
Elle
n’acheva pas sa phrase. Ils se regardèrent, un peu bêtes. C’est alors
qu’il remarqua qu’elle lui tendait la main et qu’il n’avait pas répondu
à cette ébauche de poignée de mains. Ils éclatèrent de rire, déjà
complices.
-
Pardon, Amalia !
Bonjour ! Je suis également ravi de vous rencontrer et vous remercie par
avance pour votre disponibilité.
-
Hey, commandant, vous
m’oubliez ?
Bill
qui venait de faire le tour du cabriolet rappelait ainsi à son ami qu’il était
aussi présent.
-
Oh, excuse-moi, mon vieux.
Amalia, je vous présente Bill, mon ami écossais.
-
Enchanté, mademoiselle !
Lui
aussi sous le charme de la conservatrice, il oublia pour une fois de serrer trop
fort la fine main ferme et musclée qu’elle lui tendait. La jeune Espagnole
qui ne devait pas avoir plus de la trentaine, fronça ses sourcils comme si un détail
soudainement lui posait problème. Elle se tourna vers Morane :
-
Mais, monsieur Mora…
Pardon, Bob, ne deviez-vous pas être seul pour cette visite. C’est, du moins,
ce que j’avais compris à la lecture de la lettre que j’ai reçue du
Ministre.
-
Oui, Amalia c’était bien
ainsi que c’était prévu mais à la dernière minute mon ami s’est décidé
à m’accompagner et je n’ai pas eu le temps de vous prévenir. Je suis
vraiment confus pour ce manque de politesse et je m’en excuse.
-
Bon, finalement que vous
soyez seul ou à deux pour cette visite cela ne changera pas grand-chose à la
conservation de la grotte. J’ajouterai une personne sur le décompte des
visites mensuelles, voilà tout !
En
effet, comme pour toutes les grottes préhistoriques, le nombre de visiteurs était
soigneusement contrôlé, afin d’éviter toute dégradation du climat.
Se
tournant vers l’Ecossais, elle ajouta avec un franc sourire :
-
Et bien, bienvenue à vous aussi… Bill ! Plus on est de fous, plus on rit !
Et tout bien pesé, trois fous, cela fait déjà une sacrée troupe.
Ils
éclatèrent de rire, comme une bande de bons vieux copains. L’après-midi
commençait sous les meilleurs auspices.
-
Mais dites-moi, Bob, je ne
me trompe pas, tout à l’heure, j’ai bien entendu Bill vous appeler commandant
?
-
Oui, c’est exact !
reconnu Bob.
-
Vous naviguez ?
-
Comment ? Non,
pourquoi ?
-
Ben, je pensais que vous étiez
un commandant de navire ! Ou quelque chose comme ça. Vous êtes dans
l’armée ou la gendarmerie, alors ?
-
Non, non, ne cherchez pas
plus loin, Amalia. Bill m’appelle ainsi et c’est une vieille plaisanterie
qui date de l’époque où nous servions ensemble dans la RAF. Il a gardé
cette habitude, mais je vis maintenant de mes rentes, même si parfois, je suis
reporter occasionnel pour le magazine Reflets et je ne commande…
-
… plus rien du tout,
ajouta le géant en riant, aussitôt imité par Bob puis par la sympathique señorita.
La
jeune femme les observa tour à tour et son sourire se prolongea en constatant
la franche amitié qui unissait ces deux lascars sympathiques en diable mais, en
femme intelligente et perspicace, elle venait aussi de comprendre qu’ils
devaient, lorsque les circonstances le demandaient, être de rudes gaillards
capables de se sortir des situations les plus inextricables, mais aussi les plus
dangereuses. A la suite de cette entrée en matière, elle leur expliqua le
programme de la visite.
Elle
avait tout prévu, avait-elle dit.
Ils
suivirent sa voiture, une vaillante petite 2 CV Citroën, certainement l’une
des dernières sorties des chaînes de l'usine de Vigo[5],
et sortirent du village. Ensuite, ils empruntèrent une petite route qui les
mena sur le site des grottes. Ils se garèrent devant le bâtiment administratif
et sur les talons de leur guide, y pénétrèrent. Amalia avait fait préparer
un équipement complet pour Bob Morane, afin de préserver ses vêtements de
ville. Pour Bill, dont la présence n’était pas prévue, elle réussit à dénicher
une combinaison, des bottes et un casque qui lui allaient presque bien. C’était
en soi un petit miracle car, ici, ils ne devaient pas souvent recevoir des
visiteurs de son gabarit. En effet, il y avait là plusieurs équipements et du
matériel de réserve pour les chercheurs et savants qui venaient visiter et étudier
la géologie des grottes, sa faune et sa flore mais aussi et surtout, bien évidemment
les magnifiques et quasi uniques peintures et gravures qui les ornaient.
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Tout
en marchant vers l’entrée distante de deux ou trois cents mètres, Amalia en
profita pour les prévenir que finalement, ils ne seraient pas seuls dans la
grotte.
-
Je sais Bob, que vous aviez
demandé la faveur de la visiter en privé mais j’ai pensé que vous ne
verriez aucun inconvénient à la présence d’un artiste peintre. Il ne nous gênera
pas, il restera très discrètement à travailler dans son coin.
-
Un artiste peintre ?
demanda le Français étonné.
-
Oui ! Nous avons pensé,
mes responsables et moi, ainsi que les élus de la Communauté Autonome de
Cantabrique, qu’il serait intéressant, tant du point de vue culturel que
touristique, mais aussi en tant que document témoin pour le futur, de réaliser
puis d’éditer un ouvrage de luxe qui montrerait les merveilles contenues dans
cette grotte. Cependant, nous ne voulions pas nous contenter d’un livre supplémentaire
aussi beau et exceptionnel qu’il puisse être. Nous avons décidé d’une
approche différente. Outre des textes écrits pas les plus grands spécialistes
d’Altamira : archéologues, spéléologues, géologues,…nous y
ajouterions bien évidemment des photographies dignes des plus grands mais cela
ne nous semblait pas suffisant au niveau des reproductions artistiques car, une
photographie, aussi belle soit-elle
garde un côté un peu figé, froid. Alors, nous avons pris le parti d’y intégrer
également des dessins, peintures et illustrations, réalisés par des créateurs
locaux. Ainsi, cet ouvrage comportera-t-il une confrontation, une opposition des
visons personnelles d’artistes différents. C’est un risque que nous prenons
car cela n’a jamais été fait auparavant.
-
Oh, mais c’est une très
bonne idée. Je suis sûr que ce livre sera exceptionnel et qu’il rencontrera
un grand succès. Moi qui suis un grand amateur de livres rares, j’ai hâte de
voir ça. Il faudra m’aviser de sa sortie en librairie.
-
Ne vous emballez pas trop,
Bob. Il y a encore de nombreux mois de travail, surtout pour les peintres et
illustrateurs qui ne travaillent pas à la vitesse du photographe. Et, de leur côté,
les savants qui doivent écrire sont très pris. Parfois aussi, ils sont un peu
tête en l’air et oublient.
-
Vous savez, Ama, nous
connaissons nous aussi un savant qui est un peu notre professeur Tournesol à
nous : Aristide Clairembart. Alors nous savons ce que c’est : quand il
est sur l’un de ses sujets préférés, nous n’existons plus pour lui, enfin
presque plus… et pas question, alors, de le brancher sur autre chose. Il est
comme un chien limier qui suit une piste sérieuse.
C’est
Bill qui venait de parler et comme à son habitude, il avait déjà trouvé un
diminutif à leur guide sympathique.
-
Clairembart, avez-vous dit ?
Oh, mais je le connais, son nom ne m’est pas étranger. C’est un archéologue
qui fait référence dans nos métiers. Voilà, nous sommes arrivés. La porte
ne devrait pas être verrouillée, puisque le peintre travaille déjà à
l’intérieur.
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Cette
grotte qu’ils vont découvrir, n’est pas bien grande car ses salles et
galeries ne se prolongent que sur un peu moins de trois cent mètres. Pour
faciliter les travaux et les visites, elle est équipée d’un système d’éclairage
électrique. Pourtant, et ceci sûrement par habitude, Amalia venait d’allumer
la lampe frontale de son casque. Bob et Bill y voyaient parfaitement et ils n’éprouvèrent
pas le besoin de l’imiter, surtout que des rampes lumineuses, inesthétiques
en diable, mettaient quand même, merveilleusement en valeur les figures dessinées
sur les parois et le plafond. C’était un enchantement pour les yeux que ces
animaux : chevaux, cervidés et surtout bisons, peints il y a environ 15000 ans
par les hommes du magdalénien à l’aide de pigments minéraux : oxydes métalliques
et charbon avaient fourni toute une palette d’ocres, de roux, de bruns et de
noirs. Ils semblaient réalisés d’hier tant les couleurs éclataient, vives
sous la lumière. Les visiteurs furent aussi très touchés par des dessins tracés
au doigt dans l’argile du plafond. Ils s’interrogèrent aussi sur les
tectiformes dessinés au charbon, ces
quadrillages irréguliers dont on ne connaissait toujours pas la signification.
Nez
levé, bouche ouverte, les deux hommes admiraient et écoutaient les
explications données par la conservatrice. Elle avait surtout parlé au début,
décrivant les figures, leur montrant comment les découvrir dans le jeu de la
lumière sur le relief de la pierre. Elle expliqua aussi les motivations de
leurs créateurs, ou plutôt ce qu’on en imaginait : en effet, la première
théorie de magie du chasseur, qui voulait qu’on peigne ces animaux pour mieux
les chasser était désormais révolue. On supposait aujourd’hui que les
peintures rupestres seraient plutôt des témoins de cérémonies initiatiques
associées à un chamanisme…
Bob,
pour sa part, ne pouvait s’empêcher de comparer avec amusement la simplicité
et le naturel de ces religions primitives que lui décrivait leur guide, avec
celle qui habitait la route de Saint-Jacques, qu’il suivait encore la veille.
Les
deux amis étaient très intéressés mais, peu à peu, elle les laissait se
repaître du spectacle féerique qui les fascinait et elle ne donna plus que de
courts commentaires. Il y eut alors de longs silences uniquement troublés par
le bruit d’une goutte d’eau d’infiltration qui tombait sur les dalles de
calcite. La jeune femme s’amusait sans doute un peu de voir ces gaillards
ainsi admiratifs mais ce n’était pas seulement cela. Avec sa sensibilité féminine
elle sentait chez eux une sorte de recueillement, comme s’ils se trouvaient
dans une cathédrale, en communion, par delà les siècles, avec les artistes
qui avaient réalisé ces merveilles avec tant de finesse et de dextérité.
Oui, c’était bien ça et elle comprit alors que c’était là ce qu’avait
recherché Morane, quand il avait demandé à visiter seul ces lieux considérés
à l’égal d’un sanctuaire.
Ce
plongeon dans le passé, vers les origines de l’homme ne pouvait, aux yeux du
Français, que se faire dans la grotte véridique et non dans la réplique
destinée aux touristes, où le brouhaha produit par les visiteurs en groupe,
les raclements de pieds, les questions un peu bateaux, les toussotements
l’auraient dérangé dans sa contemplation.
La
visite durait depuis deux bonnes heures et ils se dirigeaient maintenant vers le
saint des saints, la dernière salle dite des
polychromes, réputée pour son plafond aux cent bisons. C’est là, leur
avait-elle dit au début que devait se trouver l’illustrateur et qu’elle
ferait les présentations quand ils y parviendraient.
Mêlées
aux représentations animales ils avaient aussi vu des empreintes de mains -ce
qui se retrouve également dans nombre de grottes dans le monde- mais aussi
quelques figures anthropomorphes, ce qui est plus rare. Ils discutaient tout bas
en faisant les quelques pas qui les séparaient de cette dernière salle. Encore
quelques marches à gravir entre deux murs de soutènement et ils y
arriveraient. Bob et Bill eurent juste le temps de voir un homme qui leur
tournait le dos, assis sur un petit tabouret contre la paroi de gauche, penché
sur une petite tablette posée sur ses genoux et sur laquelle se trouvait une
feuille de papier. Il y reproduisait la peinture d’un cheval dessiné sur le
plafond juste au-dessus de lui. A cet instant, toutes les lampes de la grotte
s’éteignirent et le noir complet se fit brusquement.
Dans
la seconde qui suivit, Bob entendit un cri, suivi d’un bruit sourd, comme un
coup, provenant de sa gauche, là où, à deux ou trois mètres, se trouvait
Amalia. Une exclamation de stupeur lui parvint également du fond de la salle,
certainement le peintre surpris par cette obscurité soudaine.
-
Qu’est-ce qui se passe,
commandant ?
-
Je n’en sais rien, Bill,
répondit Morane, qui venait de se retourner dans la direction d’Amalia, car
il était sûr que c'était elle qui avait poussé ce cri.
Bien
qu’il soit nyctalope, sa vision n’avait pas eu le temps de s’adapter. Il
fit un pas et tendit la main mais ne rencontra que le vide. Il appela :
-
Amalia, ça va ?
Elle
ne répondait pas. Après un très court instant, ce fut une lueur venant du sol
qui attira son attention. Tout de suite, reconnaissant la forme qui se découpait
en ombre chinoise sur la tache claire de lumière, il sut que c’était le
casque de la jeune espagnole et devant, maintenant que ses yeux s’habituaient,
il distingua sa silhouette. Elle était allongée sur le sol, presque dans
l’angle qu’il formait avec la paroi, deux ou trois mètres en arrière de
son casque. Elle ne bougeait pas, inanimée. Voyant cela, Bill et lui avaient eu
le même réflexe, tout en se précipitant, d’allumer leur propre lampe
frontale.
-
A l’air sonnée, la
petite ! Regardez, commandant, elle est toute pâle, dit Bill agenouillé
et qui lui soutenait la tête avec précaution.
-
Oui, je vois et elle porte
des traces de sang et un hématome léger à la pommette gauche, mais ça ne
doit pas être bien grave. Regarde, elle revient à elle, ses paupières frémissent.
-
Alors, ma belle, comme ça,
vous nous faites des frayeurs, demande Bill d’un ton paternel et attendri
alors qu’elle ouvrait les yeux et que son regard un peu perdu, allait de
l’un à l’autre.
-
Oui, ça va mieux, il me
semble ! Tenez, donnez-lui un peu à boire, dit une voix qui venait de
derrière leur dos.
C’est
le peintre qui s’était approché guidé par la lumière de leurs lampes. Il
leur tendait une bouteille d’eau minérale qu’il avait apportée pour lui.
C’est à cet instant que la lumière revint.
Quelques
minutes plus tard, assise à même le sol et adossée à la paroi, Amalia qui
avait presque retrouvé son beau teint hâlé, leur sourit, en expliquant
qu’elle avait trébuché, juste après que la grotte soit brusquement plongée
dans le noir. Elle avait certainement crié quand sa tête avait heurté le côté
de la galerie.
-
Heureusement votre casque a
encaissé le plus gros du choc et a amorti le coup. Néanmoins, vous avez touché
le rocher avec la pommette ce qui vous vaut un bel hématome et quelques égratignures
sur le front et la joue.
-
Ca va, ce n’est rien !
J’en ai vu d’autres !
-
Tenez, dit Morane, voilà
mon mouchoir, il est propre. Imbibez-le d’eau et posez-le sur votre pommette.
Nous allons rentrer, vous pouvez marcher ?
-
Non ! Non !
Jamais de la vie, je ne veux pas terminer ainsi la visite. Je vais bien
maintenant, tenez donnez-moi donc la main pour m’aider à me lever.
« Courageuse,
la petite » apprécia Bob avec admiration.
Pendant
que Bob se préoccupait de l’état d’Amalia, tout à côté de lui, le
peintre n’avait pas bougé et, plus qu’il ne le faudrait chez une personne
bien élevée, il quittait rarement le Français du regard. Il le scrutait, le dévisageait,
puis il faisait de même avec Bill. Et plus il les regardait, plus ses sourcils
se fronçaient. Il devait se poser des questions, nager dans une certaine
expectative. Véritablement, il semblait ne pas croire ce qu’il voyait…
Amalia,
maintenant debout, laissait Bob lui nettoyer le visage ; il lui enlevait précautionneusement
la terre et le sang qui le maculaient. Elle souriait, mais aussi peut-être se
sentait-elle un peu troublée de le voir si proche d’elle. Bill, quant à lui,
constatant qu’il n’était plus utile pour le moment, décida d’aller
ramasser le casque.
Tandis
qu’il se penchait pour le saisir, il laissa errer son regard sur la partie de
la paroi éclairée par le faisceau lumineux. Il aimait bien détailler ces
ombres mises en relief par la lumière sur les irrégularités de la roche. Il
prit le couvre-chef et s’amusa un instant, en le déplaçant, à déformer les
ombres, à en créer de nouvelles. Soudain, il fixa son attention sur le dernier
point qu’il venait d’éclairer en lumière rasante. Il se mis aussitôt à
quatre pattes, puis ayant bien positionné le flux lumineux, il se releva, se déplaça,
s’accroupit de nouveau pour regarder à chaque fois, avec attention, la même
portion de paroi sous des angles différents. Aucun des autres ne faisait
attention à son étrange manège.
-
Voilà, Amalia, vous avez
presque retrouvé votre beauté, à part la bosse, qui va certainement prendre
une jolie teinte violacée, mais ce n’est qu’une question de jours avant que
tout ne redevienne normal…
-
Merci, Bob ! Mais que
fait donc votre ami ?
A
cet instant, le peintre qui ne s’était pas éloigné, s’approcha d’eux
et, s’adressant à Bob :
-
Pardonnez mon indiscrétion,
mais…
-
Oh, je manque à tous mes
devoirs : à cause de ma maladresse, j’ai oublié de faire les présentations,
l’interrompit Amalia confuse.
-
Non, attendez, la coupa à
son tour le peintre.
Revenant
à Bob, le peintre continua :
-
Je ne me trompe pas…
puis, continuant pour lui-même, comme s’il semblait ne pas le croire : ce
n’est pas possible, non !
Enfin,
regardant de nouveau Morane, étonné, il demanda :
-
Vos amis, vous ont bien
appelé, Bob ?
-
Oui, pourquoi ? Qu’y
a-t-il de si étrange à cela ?
-
Bob, oui ! Je vous
connais… Vous êtes Bob… Morane. Je ne me trompe pas ! C’est fou !
-
Oui, c’est bien cela,
mais je n’ai pas l’honneur de vous connaître, moi ! Ou alors, j’ai
perdu la mémoire de notre rencontre et de votre visage, ce qui m’est assez
inhabituel.
-
Oh, ce n’est pas étonnant,
nous ne nous sommes jamais rencontrés ! Mais vous connaissez bien un
certain Henri Vernes, n’est-ce pas ? C’est aussi un ami à moi, ou,
plus exactement, je devrais dire une bonne relation de travail. Et il serait étonnant
qu’il ne vous ait jamais parlé de moi…
-
Mais enfin, qui êtes-vous ?
Si vous me faisiez l’honneur de me dire votre nom !
C’est
à cet instant qu’Amalia entra dans la conversation et que Bill poussa un cri
apparenté au rugissement du lion ou au barrissement de l’éléphant :
-
Bob, je vous présente
monsieur Félicisimo Coria, peintre talentueux pour son plaisir, dessinateur et
illustrateur de livres et de bandes dessinées pour son travail. Monsieur Coria,
comme vous connaissez Bob Morane, je ne vous le présente pas, ajouta-t-elle en
souriant.
-
Je suis enchanté, monsieur
Coria de faire votre connaissance car, effectivement, si je ne vous connaissais
pas de vue, votre nom ne m’était pas inconnu. Notre cher Henri m’a quelques
fois parlé de vous, mais si peu, et je dois dire que j’apprécie la mise en
images de mes aventures que relate avec tant de maestria notre ami, qui est
aussi un grand cachottier.
-
Jamais, je n’aurais pensé
vous rencontrer un jour en chair et en os, d’où mon étonnement de tout à
l’heure.
-
Oui, je sais, beaucoup de
gens pensent que nous n’existons pas, Bill, le professeur Clairembart, mes
amis, mes ennemis et moi. Que nous ne sommes que des personnages de fiction,
tout droit sortis de l’imaginaire d’Henri Vernes… Bon, parfois il exagère
un peu et en rajoute lorsqu'il relate nos véritables aventures, mais il est de
notoriété publique que Henri possède une imagination débordante…
-
C’est pour moi,
aujourd’hui, un grand jour qui comptera dans ma vie. C’est prodigieux !
Rencontrer, en chair et en os, le héros que l’on dessine tous les jours. Vous
êtes exactement comme je vous ai créé sur le dessin et… et, je ne vous
avais jamais vu. Fou ! Incroyable !
Morane
observait l’Espagnol, amusé par ses manifestations de joie et aussi par son
étonnement : il ne semblait vraiment pas encore y croire.
Félicisimo
ajouta, tout excité :
-
Et ce soir, et demain et…
Et, vous êtes mes invités, avec Bill et mademoiselle Amalia. Il faut que vous
connaissiez ma femme Thérèse… que je vous montre l’atelier où je vous
dessine…
C’est
alors que retentit le deuxième cri d’appel beuglé par Bill impatient qui,
collé contre la base de la paroi, la scrutait d’un regard rasant en faisant
jouer la lumière de la lampe de son casque pour ne rien rater des défauts, aspérités
et autres marques présentes dans la surface de la pierre.
Amalia,
Bob et Coria s’approchèrent de l’Ecossais.
-
Qu’est-ce qui t’arrive
mon vieux Bill ? Et qu’est-ce que tu fais, agenouillé ainsi sur le sol ?
On dirait que tu fais ta prière !
-
Vous moquez pas, commandant !
Vous me connaissez, ça ne risque pas ! Mais, il y a quelque chose de
bizarre. Approchez-vous tous et regardez. Vous Ama, z’êtes une spécialiste,
non !
-
Je veux bien, Bill, mais
qu’est-ce que je dois voir ? demanda Amalia qui s’agenouilla à son côté.
Bob
s’était lui aussi légèrement accroupi juste derrière eux. Coria, cherchait
également à voir, mais il semblait plutôt s’amuser de ces jeux un peu puérils,
selon lui.
-
Bon, suivez-moi bien. Et
mettez-vous un peu en décalé, conseilla Bill. Là ! Voilà !
Qu’est-ce que vous voyez sur le bas de la paroi ? Que remarquez-vous de
dessiné par les ombres des irrégularités de la pierre vues sous cet éclairage
rasant qui les augmente, justement… C’est en voulant ramasser le casque
d’Ama que cette figure m’est apparue.
-
Mais quelle figure, Bill,
bon sang ? demanda Bob d’un ton un peu excédé.
-
Ma parole, z’êtes
aveugle, commandant ! Là, on voit bien une ligne en creux, presque droite,
un peu penchée. Elle semble sortir du petit éboulis de gravats qu’il y a au
pied de la paroi.
-
Oui, dit alors Amalia, je
la vois, maintenant.
-
Et c’est tout ?
demanda Bill, impatient et déçu.
-
Non, je vois aussi une
autre ligne qui fait un angle avec la première et la rejoint au sommet et qui,
vers le bas, se perd aussi sous l’éboulis, ajoute la conservatrice en chef.
-
Ouais, c’est ça !
Encore un petit effort ! claironna Bill, qui continua, visiblement
satisfait : il y a autre chose et déjà, ces deux lignes qui forment un angle
pointé vers le haut ça ne vous interpelle pas ? Vous ne les trouvez pas
trop régulières pour que ce soit simplement un défaut de la pierre ?
-
Bon sang, Bill, vous avez
raison ! Ce n’est pas possible, ce ne pourrait être…
-
Etre quoi, demanda Morane
qui venait lui aussi de remarquer les lignes.
-
Regardez juste à droite !
Un peu décalé, il y a un arc de cercle ou d’un semblant de cercle, assez
malhabilement creusé et formé dont le bas disparaît lui aussi sous le petit
éboulis, montra Bill.
-
Oui, vous avez raison, je
le vois très bien, dit Félicisimo, maintenant lui aussi captivé par cette découverte
étonnante et qui en a oublié de retourner à ses dessins.
-
Sans être parfaites ces
représentations graphiques ne peuvent être le fait du hasard. La grotte
d’Altamira n’est pas réputée pour ses gravures rupestres mais elle en possède
quelques unes. Je pense comme notre ami Bill, que ces trois traits peuvent être
la partie supérieure d’une gravure plus importante, cachée à la vue, du
moins en partie, par le petit éboulis et les sédiments, expliqua Amalia
tellement souriante qu’elle en avait oublié ses petits bobos.
-
Ce serait formidable, mon
vieux Bill. Te voilà devenu, peut-être, l’inventeur d’une nouvelle gravure
dans la grotte d’Altamira. Tu vas passer à la postérité, si cela se
confirme.
-
Voyez, commandant, vous
vous moquez toujours…
Amalia,
après avoir gratté un peu le sol avec un morceau de pierre pour vérifier que
les rainures gravées se prolongeaient, s’était déjà relevée. Elle regarda
sa montre et décida :
Bon,
terminons notre visite ! Cette gravure –si gravure il y a- nous a attendu
des milliers d’années, elle attendra bien quelques minutes de plus !
Nous verrons bien !
La
salle des polychromes fut admirée comme elle le méritait. Un par un, les
bisons d’ocre furent détaillés, chacun se laissant entraîner par cette
ronde d’animaux courant dans tous les sens, se superposant dans un mouvement
inégalé. Ce chatoiement de
couleurs vives qui avait fait croire, au moment de la découverte de la grotte,
à un canular montrait une fraîcheur, un contraste surprenants
Mais,
tous pensaient à la découverte de Bill, et les coups d’œil songeurs dans la
direction des marches étaient nombreux.
Un
quart d’heure plus tard, les yeux pleins de ces merveilles, ils se rapprochèrent
de la sortie de la salle, où les attendait le dessinateur espagnol qui avait
rassemblé son matériel.
-
Je crois, sourit Amalia,
que monsieur Coria vous veut pour lui toute cette soirée, je vais donc vous
laisser et je vais demander à des fouilleurs de venir pour commencer immédiatement
à dégager le bas de ce qui nous semble être une gravure rupestre. Je ne vous
cache pas que j’ai le cœur qui bat fort car, si cela se confirme… Surtout
que, si elle est vraiment ce que je crois, elle pourrait être bien plus
ancienne que toutes les peintures et autres gravures de la grotte. Que tout cela
est passionnant…
Se
tournant vers Bill, qui jetait de fréquents coups d’œil vers le bas, vers
les trois mystérieux traits gravés dans la roche, elle ajouta :
-
Finalement, heureusement
que vous êtes venu, Bill, car sans cela, nous ne les aurions peut-être jamais
découvertes, ces gravures.
-
Oh, répondit-il un peu gêné,
c’est aussi, un peu grâce à cette panne d’électricité, à votre chute et
à votre casque qui a roulé jusqu’au bon endroit !
-
Oui, Bill, mais vous, vous
avez vu et, dans notre métier, c’est cela qui compte : remarquer le bon détail !
Ce n’est pas le concours de circonstances qui a conduit au résultat qui
restera dans les mémoires.
Félicisimo
Coria s’adressa alors à la conservatrice. On sentait dans sa voix une pointe
de déception :
-
Vous ne venez pas avec
nous, alors ?
-
Non, non, monsieur Coria,
je suis trop impatiente de savoir le fin mot de cette histoire…
-
Amalia, vous permettez que
je fasse quelques photos qui pourront nous servir dans l’avenir. Ici, dans ce
passage, il n’y a pas de peintures donc je ne risque pas d’en abîmer avec
mon flash.
-
Oui, allez-y, Bob !
Effectivement, elle constitueront un témoignage de la découverte de Bill… si
c’en est une.
Ainsi,
Bob prit des clichés de la base de la paroi sous tous les angles, jouant avec
un éclairage rasant pour que les supposées gravures soient bien visibles.
Puis, pour immortaliser cette éventuelle découverte, ils posèrent tous
ensemble. En faisant cela, Morane avait bien conscience de faire un peu de mise
en scène, mais il pensait aussi à un futur reportage…
e
ï
f
Les
trois hommes avaient donc laissé Amalia qui bouillait d’impatience. Bob était
sûr que, s’il le fallait, elle passerait la nuit dans la grotte, avec les
fouilleurs qu’elle avait rassemblés et à qui elle avait promis une
substantielle prime pour ce travail nocturne exceptionnel. Sans doute les
aiderait-elle aussi à creuser pour dégager la totalité de la gravure. Elle
n’eut aucun problème avec ses collègues car ceux-ci l’estimaient beaucoup.
Ensemble, ils partageaient la même passion.
Les
deux compagnons eurent un peu de regrets en la laissant retourner dans la grotte
avec son équipe chargée d’outils, car ils auraient, eux aussi, aimé être là,
participer ; mais Bob avait compris que cette affaire n’était pas de
leur ressort. Ces grottes étaient classées au patrimoine de l’Humanité, ils
n’avaient aucune compétence en la matière et, au lieu d’être utiles, ils
auraient risqué plus vraisemblablement de gêner les archéologues et d’abîmer
les gravures. Il valait mieux laisser faire les professionnels. Ils étaient
donc partis avec Félicisimo. Amalia leur avait promis qu’elle viendrait leur
apporter la bonne, ou la mauvaise nouvelle, dès que la gravure serait mise à
nu et qu’elle l’aurait sommairement étudiée.
e
ï
f
Bob
avait repris le volant de la Jaguar et ils suivaient Coria qui leur ouvrait la
route, conduisant sa propre voiture avec laquelle il était venu sur le site des
grottes. Ils se dirigèrent vers Santander, la capitale de la province autonome
de Cantabrique –Cantabria, en
espagnol- qui était distante d’une vingtaine de kilomètres. Ils n’entrèrent
pas dans la ville, s’arrêtant dans sa banlieue où le dessinateur résidait
dans une jolie maison de briques rouges. Pendant que Bob se rangeait le long de
la Ford Escort du maître des lieux, celui-ci, plein de sagesse, admirait, avec
raison, mais sans envie particulière, le bolide qu’il avait si souvent dessiné.
L’accueil
par Thérèse, la maîtresse de maison, une fois les premiers instants d’étonnement
passés, fut des plus chaleureux : ils s’embrassèrent tous comme s’ils se
connaissaient depuis toujours, mais n’était-ce pas un peu vrai ? Bill,
un peu cavalièrement la souleva de terre pour lui faire la bise, ce qui amena
un peu de rougeur aux joues de la petite espagnole un peu étonnée de tant de
familiarités mais aussi, il faut bien le dire, impressionnée par la carrure de
l’Ecossais. Elle se sauva bien vite, les laissant entre hommes en disant
qu’elle allait préparer le repas du soir. Pendant ce temps, Coria amena ses
amis au salon où, à la grande satisfaction de Bill qui avait le gosier
particulièrement sec et râpeux, il leur offrit des rafraîchissements ou un apéritif
s’ils préféraient.
Tout
de suite, dès son entrée dans la maison meublée avec goût, Bob avait remarqué
les nombreux tableaux accrochés aux murs. Tous signés de Félicisimo. Oui,
comme l’avait dit Amalia, Coria avait du talent et certaines œuvres lui
plaisaient particulièrement.
Ensuite,
ils montèrent à l’atelier où l’Espagnol dessinait ses planches de bandes
dessinées. Sur la table de travail, ils se trouvaient suffisamment de dessins
et de planches originales pour faire
le bonheur de nombreux collectionneurs qui auraient certainement payé fort cher
pour les posséder. Longuement, ils discutèrent, heureusement pour lui, Bill
avait négligemment apporté la bouteille de whisky, ce qui lui permit de tenir
jusqu’au moment où Thérèse les appela pour le dîner.
Celui-ci
se termina fort tard, bien après minuit et les Coria tinrent à les garder chez
eux pour la nuit ; cette proposition fut acceptée, car il était bien tard
pour chercher un hôtel. Avant d’aller se coucher, ils remontèrent tous dans
l’atelier du peintre où ils discutèrent un bon moment encore, tandis que Félicisimo
réalisait quelques croquis, pris sur le vif, de ses deux héros.
Bob
eut l’impression de ne pas avoir dormi, quand il fut tiré du sommeil par des
coups frappés à la porte de sa chambre.
-
Bob, Bob ! C’est Félicisimo !
Levez- vous ! Amalia vient d’arriver, elle se trouve en bas ! Je
vais aussi réveiller Bill. Ma femme est en train de faire le café.
Bob
regarda sa montre, il était un peu plus de six heures. Il se passa rapidement
la tête sous le robinet. Il avait hâte de connaître les nouvelles
qu’apportait la conservatrice. Sans même s’habiller, il quitta rapidement
sa chambre. Bill, sortait également de la sienne, lui aussi en pyjama : un
splendide ensemble en coton bleu ciel décoré de centaines de petits ours
multicolores.
Une
bonne odeur de café les accueillit et Amalia, les traits tirés, mais le visage
éclairé d’un immense sourire, bondit de son siège quand ils entrèrent dans
la cuisine, pour sauter au cou de Bill qui resta un instant ahuri. Comprenant ce
que signifiait cette manifestation de joie, il entoura la fine taille de la
jeune Espagnole de ses bras musculeux et entama une dizaine de tours de valse,
avant de la reposer à terre. Elle ne le relâcha pas avant d’avoir déposé
deux grosses bises bien sonores sur ses joues rubicondes.
-
Bill ! Bill, vous êtes
génial. C’est magnifique ! Vous aviez raison ! C’est bien une
gravure réalisée par la main de l’homme. Et même, une gravure
exceptionnelle !
Bob,
le sourire aux lèvres, admirait avec plaisir cette jeune femme qui malgré sa
chute d’hier, son visage tuméfié, la fatigue d’une nuit de labeur éreintant,
se trouvait, au petit matin, si pleine de vie, si pétulante.
-
Et bien, petite fille, je
n’ai pas droit à la bise, moi ? Je sais que je n’ai pas fait la découverte
du siècle, mais quand même…
Bob
avait dit cela avec un air faussement peiné. Amalia, le regarda, puis alla vers
lui en souriant et ses yeux brillaient :
-
Oh, pardon, Bob !
Elle
se haussa un peu sur la pointe des pieds et embrassa le Français qui
s’amusait du trouble qu’elle cachait bien mal. Elle ajouta ensuite :
-
Je voulais tellement
remercier Bill car, savez-vous, il a fait là une découverte capitale pour
l’histoire de l’évolution humaine. Je pense d’ailleurs que cette
trouvaille va susciter beaucoup de discussions et de polémiques car, si ce que
je crois est vrai, elle remet en question beaucoup de certitudes entretenues par
pas mal de savants un peu sclérosés qui ne veulent pas démordre de leurs
convictions intimes.
-
A ce point ? s’étonna
Morane.
Ils
s’étaient tous assis autour de la grande table. Leur hôtesse, encore vêtue
de sa robe de chambre, les écoutait un peu amusée, tout en servant le café
fumant. Félicisimo, qui était sorti, revenait avec du pain frais et deux
grands sacs de viennoiseries qui furent déballés sur la table à côté du
beurre, du lait, des jus de fruits et des fruits frais. Ce fut un petit déjeuner
rapide, mais mémorable. Ce ne fut
qu’à la fin, quand il ne restait sur la table que des miettes, des bols vides
et des épluchures de fruits, que Bob posa la question. Amalia commençait à
accuser la fatigue des dernières vingt quatre heures.
-
Et finalement, Amalia, si
vous nous disiez enfin ce que représente cette gravure exceptionnelle ?
-
Oui, Ama, je suis impatient
de savoir ce que j’ai découvert, ajouta Bill.
-
J’ai apporté les photos.
Je n’ai pas cessé de flasher depuis le début des travaux jusqu’à la fin.
Puis ensuite, j’ai fait plusieurs dizaines de clichés de la gravure, sous
tous les angles. Il faudrait un ordinateur car je ne suis pas passée au bureau
avant de venir ici et tout est encore dans la mémoire de mon appareil.
-
Malheureusement, je n’en
possède pas, annonça Coria, un peu gêné.
-
Ce n’est pas grave !
Quand je suis parti de Bilbao, j’ai mis le mien, ou plus exactement celui de
Reflets, dans le coffre de la voiture. Je vais le chercher ! dit Bob en
repoussant son siège.
e
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f
Depuis
plus d’une heure, ils visionnaient sur l’écran du portable les clichés
pris par la conservatrice du patrimoine. Tous étaient captivés par ces images
qui révélaient progressivement une œuvre d’art venue du fond des temps et
tous se sentaient émus. Le visionnage respectant la chronologie du dégagement,
ils voyaient la gravure se découvrir petit à petit. Amalia faisait les
commentaires :
-
Très vite, alors que nous
avions creusé d’une vingtaine de centimètres nous avons vu que cette portion
de cercle à droite, que Bill avait remarquée, représentait en fait le sommet
d’une tête d’homme. Nous avions donc affaire à une gravure anthropomorphe,
chose qui, en soit, est déjà extraordinaire car très rare, mais le reste
allait nous surprendre bien davantage. Par contre, les deux traits de gauche ne
manquaient pas de nous intriguer. Ils se prolongeaient vers le bas en s’écartant
l’un de l’autre.
Les
vues passaient, agrémentées des explications données par la belle espagnole
qui avait oublié sa fatigue et, peu à peu, ils découvrirent le reste.
-
Ici, nous sommes environ à
la moitié du travail de dégagement. Nous voyons parfaitement qu’il s’agit
bien d’un homme et, à gauche, les traits représentent en fait la moitié supérieure
d’un arc, qu’il tient devant lui en position de tir, avec une flèche bien
positionnée. La suite allait nous confirmer qu’il s’agissait bien d’un
chasseur et à la fin, nous allions avoir la dernière grande surprise qui rend
cette gravure vraiment exceptionnelle. Je vous passe les vues intermédiaires et
voici l’une des dernières.
Tous
attendaient avec une impatience grandissante de voir cette mystérieuse gravure
dans son entier, mais Amalia, les laissait un peu languir :
-
La gravure mesure environ
un mètre de haut. Elle a certainement été taillée au silex dans le calcaire
plus friable. Avec une grande opportunité l’artiste a utilisé cette partie
verticale qui est relativement plane et il l’a préparée en raclant quelques
irrégularités, ici et là. On voit aussi qu’une grande fêlure presque
horizontale zèbre cette grosse pierre et coupe le chasseur quasiment à hauteur
de sa taille.
-
Ça, ça ne vous a pas été
trop dur à déterminer qu’il s’agissait d’un chasseur mâle, vu son
membre viril bien mis en évidence… C’était Bill qui venait de parler.
-
Oui, répondit Amalia en
souriant, nous savons d’une part que c’étaient sans doute exclusivement, ou
presque, les hommes qui allaient à la chasse et d’autre part, sa virilité
tendue, ne peut effectivement prêter à confusion. Notons que les artistes de
l’époque ne possédaient pas notre vision actuelle des formes, des
proportions, de la perspective,… et en outre la matière travaillée ne se prêtait
pas au travail très fin. Un coup de silex mal donné, un éclat qui saute et…
En plus, ils grossissaient sans doute ce qui était important pour eux. La vue
qui est présentée ici, n’est pas la dernière…
La
jeune femme donna encore quelques précisions sur la fouille, qui permettrait de
dater la gravure avec assez de précision :
-
Les éboulis n’étaient
guère intéressant en eux-mêmes, ainsi que je le pensais, et c’est ce qui
nous a permis de terminer en si peu de temps. Comme dans de nombreux endroits de
la grotte, il s’agissait des restes des débuts d’éboulements que nous
avons connu plusieurs fois ici et qui sont dus à la carrière de pierre qui se
trouve toute proche…
-
Une carrière de pierre ?
s’étonna Bob. Et on continue à l’exploiter ?
-
Plus maintenant,
heureusement ! Mais ce sont ces travaux d’exploitation qui ont été à
l’origine de la découverte d’Altamira, ne l’oublions pas ! N’empêche
que de nombreux problèmes de stabilité de terrain ont eu lieu dans le passé,
qui ils n’ont été résolus que par la construction de nombreux murs de soutènement.
-
Ah, c’est donc ça,
murmura Morane. Je croyais que c’étaient les déblais des fouilles
anciennes…
-
Et la gravure ?
s’impatienta Bill.
-
Pour en revenir à nos
fouilles, nous n’avons rien découvert d’intéressant dans les sédiments,
qui ont été tamisés avec soin. Par contre, au niveau de la base de la
gravure, un élément nous permettra de dater ce travail avec une certaine précision.
Vous voyez, ces traces noires ?
-
Oui, répondit Bill, on
dirait de la fumée !
-
C’est presque ça !
Ce sont bien des traces de charbon, dues à de la fumée. Regardez bien le sol.
Cette petite pierre plate levée, ces traces noires... c’est ce qui reste
d’un feu d’éclairage. Les artistes utilisaient
de tels petits foyers pour éclairer leur travail, la pierre servant de réflecteur.
-
Et alors ? grogna
Bill. Le pire, c’est qu’ils ont sali ma gravure !
-
Ne le prenez pas comme ça !
Ces traces de fumées qui souillent la gravure prouvent sans aucune discussion
possible que celle-ci est authentique. Même, les restes de charbons, une fois
analysés au Carbone 14, nous permettront de dater ce dessin avec une assez
grande précision.
-
Mais, objecta Bob, je
croyais que ces méthodes de datation étaient très précises, tout au
contraire ?
La
jeune file se retourna pour les regarder tour à tour, avec un petit air mystérieux.
Puis, elle annonça, presque théâtralement :
Cette
datation serait très précise, si ce foyer était contemporain de la gravure.
Mais il est postérieur à celle-ci, il est plus haut que la base du dessin. Car
notre personnage n’est pas complet ! Nous avons prolongé la fouille…
En
effet, sur l’écran, le chasseur n’était découvert que jusqu’aux pieds.
Amalia, cliqua pour passer à la vue suivante.
-
Voici ! Il est vu ici
dans sa totalité. Que remarquez-vous ?
-
Il a quelque chose sous ses
pieds, constata Coria.
-
Oui, qu’est-ce que
c’est, d’après vous ?
-
C’est étrange, on
dirait… des skis, avança Bill.
-
On ne dirait pas, Bill. Ce
sont des skis ! confirma-t-elle.
-
Mais, c’est impossible,
il ne neige presque jamais ici ! Dans la chaîne des « Picos
de Europa », oui, mais ici nous sommes au bord de la mer, à quelques
dizaines de mètres d’altitude et nous bénéficions d’un climat océanique
plutôt doux, s’étonna Félicisimo.
-
Tu as raison, amigo,
confirma Bob ! Depuis la veille, Coria, son épouse, Bob et Bill avaient décidé
de se tutoyer. Comment le graveur du Magdaléen aurait-il pu connaître
l’existence de skis ? Si mes connaissances sont bonnes, ajouta Bob, les
seules gravures de chasseurs à ski que nous connaissons ont été découvertes
en Sibérie et en Norvège et elles dateraient d’environ 7000 ans.
-
Bravo, Bob ! C’est
exact, du moins c’était vrai jusqu’à aujourd’hui. Vous rendez-vous
compte ce que cela implique ? Les peintures de la grotte datent d’environ
15000 ans, notre chasseur à skis
serait donc antérieur puisque qu’il se situe au niveau d’un sol plus ancien
que celui qui est contemporain des autres peintures de la caverne.
-
Comment expliqueriez-vous
alors sa présence ici, en Espagne, c’est-à-dire si bas dans le Sud, demande
Bob.
-
Il pourrait y avoir
plusieurs explications…
-
Si je ne me trompe, l’époque
de réalisation des peintures d’Altamira correspond à une période glaciaire,
ce qui expliquerait la présence de neiges importantes sur ces régions ?
avança Bob.
-
Oui, c’est l’une des
explications plausibles, mais nous sommes très au sud par rapport aux neiges éternelles.
Une autre pourrait être qu’à une période, pour moi indéterminée, la Terre
ait basculé sur son axe de rotation de telle manière que l’Espagne soit
maintenant dans sa position actuelle, alors qu’auparavant, elle aurait été
beaucoup plus au nord. Cette thèse –du basculement de la planète-, soutenue
par de nombreux savants, explique aussi la disparition de certains continents
mythiques, tels que l’Atlantide, par exemple, ou le Déluge.
-
Bon sang, j’en connais un
qui va regretter de ne pas être là, dit Bill.
-
Qui donc ? demande
Amalia.
-
Notre ami le professeur
Clairembart. D’ailleurs, nous vous en avions parlé, hier, répondit Bob.
-
Oui, je me souviens !
Quant à notre chasseur à skis, il
existe aussi une autre explication.
-
Laquelle ?
-
Une migration du nord vers
le sud d’un groupe d’humains. C’est-à-dire d’un peuple habitué au
climat froid du nord de l’Europe, ayant inventé et utilisé les skis, à une
époque où Paris était sous 400 mètres de glace, qui serait venus en Espagne
et aurait gravé sur les parois des grottes, ces témoignages de leur mode de
vie ancestrale. J’avoue ne pas trop croire à cette explication, car toutes
nos connaissances nous montrent que le berceau de l’humanité se trouvant en
Afrique, les flux migratoires se sont toujours effectués du Sud vers le Nord,
tout au moins, pendant la période où les premiers hommes colonisèrent la planète.
Envahissant le nord de l’Afrique puis le sud de l’Europe et de l’Asie pour
arriver dans les contrées septentrionales jusqu’au détroit de Behring
qu’ils ont franchit pour redescendre, cette fois il est vrai, dans les Amériques.
-
Vous avez raison, Amalia,
je vois de belles batailles d’experts, de savants, en perspective, mais que
tout cela est passionnant.
-
Qu’ils se bagarrent cela
m’importe peu ! J’ai envie d’un bon bain, mes amis. Que diriez-vous
d’aller nous plonger dans la mer ? Elle n’est pas loin d’ici et cela
me fera le plus grand bien. On y va ?
-
Pour moi, c’est okay !
répondit Bob.
-
Pour moi aussi, approuva
Bill et vous ? demanda-t-il à Coria et à sa femme. Plus on est de fous,
plus on rit !
-
L’eau n’est pas très
chaude en cette saison, tenta de se défendre Coria…
- Justement, après les fatigues de cette nuit intense en émotions cela nous requinquera. Allez, venez donc, insista-t-elle en prenant le bras de Félicisimo et de Thérèse, qu’elle entraîna.
e
ï
f
Bob
à gauche, Bill à droite, tenant les mains d’Amalia, ils coururent vers les
flots dans lesquels, ils se jetèrent en éclatant de rire. Il y eut de
grandes éclaboussures. De la plage, leurs amis les regardaient s’amuser
comme des gosses.
Finalement,
Bob et Bill profitèrent de l’hospitalité de la famille Coria durant
presque une semaine. Amalia prit quelques jours de vacances et tous profitèrent
avec insouciance des beautés de la région. Bill, avec malice, regardait son
ami et la jolie espagnole qui se tenaient souvent par la main.
« Voilà
encore le commandant qui craque devant les beaux yeux d’une mignonne. On
n’est pas encore parti, l’est pas près de le terminer son pèlerinage… »
pensa-t-il avec ironie, mais il n’était nullement jaloux car, depuis
qu’ils se connaissaient, cela avait toujours été ainsi .
e
ï
f
Ils
le terminèrent quand même, ce fameux reportage « Sur
les chemins de Compostelle ». Amalia était retournée à ses
occupations. Ils ne furent pas trop tristes de se séparer car cela aussi
faisait partie de la vie et tous savaient qu’ils se retrouveraient un jour.
A
la demande d’Amalia, Bob avait promis de ne pas parler tout de suite de la découverte,
elle lui avait néanmoins donné une copie de chacune des photographies de la
fouille. Le chasseur à skis fut baptisé William
en honneur de Bill, son inventeur.
La datation au carbone 14 confirma que la gravure remontait à plus ou moins
25000 ans, donc qu’elle était bien plus ancienne que l’ensemble pictural
de la grotte. Néanmoins, il fallait encore laisser aux paléontologues, archéologues,
géologues et autres savants le temps d’étudier, d’analyser, de fouiller
plus loin, de discuter puis de se mettre d’accord, ce qui n’était pas
demain la veille. La hiérarchie d’Amalia, respectant sa demande, avait décidé
de ne rien révéler aux médias dans l’immédiat et, une fois encore par
faveur spéciale, Bob avait obtenu la promesse du Ministre qu’il serait le
premier à publier un reportage sur ce sujet.
Bob
et Bill étaient enchantés de leur rencontre avec leur dessinateur. Ils
avaient apprécié au plus haut point la gentillesse, le sens de l’amitié
et de l’hospitalité du couple espagnol. Ils en étaient sûrs, l’ouvrage
sur la grotte d’Altamira serait superbe avec les dessins, croquis et
peintures de Félicisimo.
PARIS – Le 22 décembre de la même année –
Aéroport de Paris Charles de Gaulle.
La
neige tombait drue sur la capitale française qui peu à peu prenait des
allures de métropoles nordiques. L’avion spécial venant de Bilbao avait
atterri alors que voletaient les premiers flocons. Amalia Cortés de Pallas
avait débarquée en compagnie du Ministre espagnol de la Culture et de Félicisimo
et Thérèse Coria.
Le
ministre ayant été accaparé par des membres de son ambassade parisienne,
Bob et Bill, qui était arrivé le matin même d’outre-Manche, accueillirent
leurs amis avec force effusions de joie. Tous s’embrassèrent, heureux de se
retrouver. Ils se dirigèrent aussitôt vers le petit restaurant du Marais où
ils dînèrent, puis se rendirent chez Bob où il y avait suffisamment
de chambres disponibles. En effet, il avait fait réaménager la
totalité du dernier étage de son immeuble, abattant des cloisons,
modernisant les installations électriques et sanitaires, agrandissant son
salon bibliothèque tout en prévoyant plusieurs chambres pour ses amis de
passage.
MADRID
– Le 21 décembre de la même année – Ministère de la Culture.
La
veille de l’arrivée d’Amalia à Paris, avait eut lieu à Madrid la présentation
de l’ouvrage enfin terminé :« Les
grottes d’Altamira – Instants d’Humanité ». La jeune
Espagnole en avait apporté un exemplaire « tirage
de luxe » pour Bob et un pour Bill, ainsi qu’un autre qu’elle
destinait au professeur Clairembart en hommage à sa carrière
professionnelle. Tous, portaient une dédicace personnelle du Ministre. Dans
ceux de Bob et de Bill, il y avait aussi une lettre portant les armes de la
famille régnante et signée du Roi, ainsi qu’une dédicace très
personnelle d’Amalia. Bien entendu, tous ceux qui avaient participé à la réalisation
du superbe livre en avaient aussi reçu un exemplaire.
Dans
ce livre, il avait été décidé de ne pas parler du chasseur
à skis, car l’unanimité ne se faisait pas encore à son sujet,
beaucoup d’études devraient encore être réalisées. Il ferait, plus tard,
l’objet d’un ouvrage spécial.
SANTANDER
– Le 22 décembre de la même année – Matinée – Salle de conférence
d’Altamira.
Le
lendemain de la présentation du livre, l’annonce de la découverte de William,
le chasseur à skis fut faite à tous les médias. Une visite de la grotte
fut organisée pour des journalistes triés sur le volet, avec interdiction
formelle de prendre des photos, celles-ci leur étant fournies dans leur
dossier de presse par le Ministère de la culture espagnol par l’intermédiaire
de son Secrétariat à la Conservation du Patrimoine. Une seule agence de télévision
avait reçu l’autorisation de filmer, mais avec obligation de diffusion
gratuite à toutes les autres chaînes espagnoles et mondiales. Puis, aussitôt
la cérémonie terminée, et malgré les récriminations des journalistes, car
il n’y avait pas eu de conférence de presse, le Ministre et Amalia
rejoignirent l’aéroport de Santander, où les attendait le couple Coria ;
de là, ils s’envolèrent pour Paris à bord d’un jet spécialement affrété
pour l’occasion.
PARIS
- Le 23 décembre de la même année – Soirée - Musée des Arts Premiers.
Bob,
Bill, les époux Coria, le professeur Clairembart et Amalia qui se tenait à
son bras, parcouraient lentement les galeries et salles du tout nouveau musée
des Arts Premiers, admirant les œuvres remarquables venues du monde entier
qui étaient exposées. Aristide avait accaparé la jeune femme avec qui il
parlait métier. Bob et Bill, qui le connaissaient bien, savaient aussi
qu’il était très sensible au charme d’Amalia qui, elle-même devait goûter
l’esprit de son compagnon ; souvent son rire clair perçait le brouhaha
ambiant.
La
cérémonie de l’inauguration venait de se terminer et les invités s’étaient
éparpillés dans les salles en attendant l’heure du dîner. Un instant
auparavant, ils avaient croisés le Président de la République, suivi de
nombreuses personnalités ; tout à côté de lui se trouvait le Ministre
espagnol et Bob Morane, au passage, avait aussi aperçu Jouvert. Ils s’étaient
à peine salués d’un signe de la tête, car un lourd contentieux perdurait
entre eux. Ce Président en exercice, qui avait commandé la construction de
ce palais, arrivait au terme de son mandat et était au plus bas dans les
sondages. Il se disait aussi, à voix feutrée, qu’il n’entendait plus très
bien…
L’Espagne
avait offert à la France, afin qu’il figure en bonne place dans le nouveau
musée, si cher au Président, une copie parfaite, réalisée au laser, de la
gravure de William. Le chasseur à skis
attirait beaucoup de monde, tous voulaient admirer l’un des plus anciens témoignages
de l’art primitif. Clairembart félicita sa jolie accompagnatrice, qui ne le
lâchait pas d’une semelle, ainsi que Bill pour sa découverte. Ils
revenaient vers la salle où devait se tenir le repas, quand ils virent
arriver un petit homme essoufflé qui s’essuyait le front avec son mouchoir.
-
Albert, tu es arrivé !
Alors ?
-
Ah, je vous retrouve !
Ça y est, Bob, tout est en place ! Nous allons prendre tout le monde de
vitesse. Le numéro spécial de Reflets sera distribué cette nuit et on le
trouvera au petit matin dans tous les dépôts de presse. Nos concurrents
venant tout juste d’apprendre la nouvelle n’auront pas le temps de sortir
un papier. Ils vont en être verts de jalousie. A part les médias
audio-visuels, nous serons les seuls à proposer un magazine complet sur le chasseur
à skis. Ce sera vraiment un numéro exceptionnel, nous publions toutes
vos photos prises le jour de la découverte plus celles d’Amalia, avec votre
récit vécu : un reportage exclusif.
Et c’est Bill, à genoux devant la partie émergente de la gravure, qui fait
la couverture. Nous allons très certainement doubler notre vente et c’est
grâce à vous mes amis et aussi à notre chère Amalia, sans qui rien
n’aurait été possible.
-
Oui, Albert, mais tu te
souviens de ce que nous avions convenu ?
-
Bob, tu me connais, je ne
suis pas un margoulin ! Ce qui est promis est pour moi sacré ! Et
ma direction m’a donné le feu vert pour traiter de ce point avec toi.
-
Je le sais bien, Albert,
que je peux compter sur toi ! Tu reverseras nos droits aux organisations
humanitaires que nous t’avons désignées…
-
Bon, c’est bien beau,
mais je commence à avoir la gorge sèche ! Si nous allions prendre un
petit remontant, proposa Bill qui, plein de pudeur et presque gêné,
n’aimait pas parler de ses bonnes actions…
Ainsi,
se finissait cette aventure riche en rencontres, une aventure commencée, au
printemps, au Puy-en-Velay et qui se terminait à Paris, la veille de Noël.
Une aventure qui les avait menés à Saint-Jacques de Compostelle en passant
par la grotte d’Altamira. Une petite grotte pleine de merveilles où, il y a
plus de 20000 ans, un artiste inspiré gravait dans la pierre un petit épisode
de la longue aventure des Hommes.
Devant
la table où sont servis les apéritifs, Albert un verre à la main se
retourne et propose un toast, mais avec lui, il n’y a plus que Bill,
Aristide et les Coria.
-
Mais ??? où sont
Bob et Ama…
-
Ne les cherche pas,
Albert ! Tu connais le commandant, c’est pas pour lui ces repas
officiels et surtout…il n’a jamais pu résister à une paire de beaux yeux
et à un doux sourire… Allez, à la vôtre !
FIN
[1] Au moyen âge, les pèlerins portaient un équipement sommaire, dont : le chaperon un mantelet, parfois en cuir, le bourdon, ou bâton de pèlerin qui aidait à la marche mais servait aussi à se défendre en cas de besoin et la coquille qui représentait l'emblème des pèlerins ayant accompli le pèlerinage. La coquille symbolisait la récompense suprême. il y avait aussi la besace pour ranger la réserve de pain et la gourde ou calebasse pour la réserve d'eau.
[2]
- Nom donné aux pèlerins qui font Saint-Jacques.
[3] - Voir "L'épée du Paladin", 119ème aventure de Bob Morane.
[4] - Voir "Les fils d'Orion" du même auteur.
[5] C'est à Vigo, en Espagne que se trouve une importante usine de fabrication d'automobiles. A l'origine, elle appartenait à Citroën. Aujourd'hui, elle appartient au groupe P.S.A. (Peugeot Société Anonyme) qui regroupe, entre autre, Automobiles Peugeot et Automobiles Citroën. C'est de cette usine qu'est sortie la dernière 2CV.